À cheval sur le dos des oiseaux

Céline Delbecq, artiste associée aux Îlets, poursuit avec cette nouvelle création son exploration des paroles en marge. Ce monologue d’une femme reléguée ouvre notre série de solos « Les Fragiles ».
Carine Bielen, la femme qui s’adresse dans À cheval sur le dos des oiseaux à une autorité masculine invisible, est mal partie dans la vie. Née dans une famille pauvre, elle est envoyée enfant dans un home où on la soumet à un test de Q.I. qui la place parmi les « débiles », les incapables de décider de leur propre vie. Elle grandit surveillée, sans cesse évaluée, jusqu’à son premier, peut-être son seul acte de rébellion : choisir de garder l’enfant qu’elle attend, dont le père ne veut pas. Ce fils, Logan, change sa vie. C’est pour lui qu’elle prend la parole.
Sur un plateau nu à l’exception d’une fontaine à eau, assise sur une chaise en plastique, Véronique Dumont est une bouleversante Carine Bielen, fragile mais prête à en découdre avec tous ceux qui entendent lui dicter son comportement. à l’image de la langue que Céline Delbecq met dans la bouche de son héroïne, le jeu de la comédienne est âpre et tendre à la fois. Il déjoue toutes les idées reçues sur la précarité. Il révèle la complexité du malheur invisible, négligé par un système normatif, obsédé par la productivité.